Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/244

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n’ont trouvé qu’un œuf de serpent. Ceux-là me consolent de n’avoir rien trouvé du tout. Moi, j’ai vu le petit amiral, je lui ai parlé : c’est une nature qui me va, et j’ai confiance dans votre bonheur ! mais tout cela ne me dit pas pourquoi vous avez du plaisir à être avec moi, à moins que ce ne soit parce qu’elle m’a témoigné de la confiance et de l’estime à première vue.

— Il y a de cela, je ne veux rien dissimuler ; mais il y a encore autre chose.

— Quoi, voyons ?

— C’est parce que vous m’avez pardonné de ne pas vous avoir compris tout de suite.

— Compris ? Qu’est-ce qu’il y a en moi à comprendre ? Ne suis-je pas moi à toute heure du jour et de la nuit, depuis les pieds jusqu’à la tête ?

— Non, Stéphen, vous n’êtes jamais vous, au contraire, et on peut vous fréquenter dix ans sans vous connaître.

— Je n’y suis pas, allez toujours.

— On peut vous prendre pour ce que vous vous donnez, pour un bon garçon parfaitement honnête et très-obligeant…

— Et je ne suis ni bon ni honnête ? Diable !

— Vous êtes plus que bon, vous êtes excellent ; plus qu’honnête, vous êtes chevaleresque.

— Laissez-moi donc tranquille !

— Stéphen, je me connais en hommes. J’ai vu le monde dès mon enfance et je l’ai bien jugé, grâce à me mère adoptive parfaite, entourée d’esprits justes et distingués. On ne m’a pas laissé à moi-même dans l’âge où l’ardeur de vivre nous empêche de voir. On m’a fait faire des études historiques, littéraires et phi-