Aller au contenu

Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’amiral semblait guéri ; mais, à l’entrée de l’hiver, il fat atteint d’une complication de rhumatismes aigus, et son état de souffrance devint intolérable. Son caractère changea subitement, et Célie elle-même eut à en supporter les bourrasques. Il se plaignait à elle avec amertume de ne plus voir mon père, il lui reprochait d’avoir, par un injuste caprice, désuni deux familles qui s’étaient longtemps proposé de n’en faire qu’une.

» Célie, éperdue, vint trouver ma mère en secret. Elle s’adressait à elle comme à la plus irritée. Elle la supplia de ramener son mari, et mit tant de grâce et de persuasion dans ses instances, que mes parents cédèrent. L’amiral fut d’abord heureux de les voir, mais bientôt il me demanda. Il croyait que nous revenions à lui de nous-mêmes. Il ignorait que sans l’ordre de Célie je ne pouvais reparaître à la Canielle.

» Il s’agita de nouveau. Célie m’écrivit. Voici sa lettre :

« Venez aussi, monsieur, si vous pouvez me pardonner l’injure que je vous ai faite. Nous étions frères, j’avais de l’estime et de l’amitié pour vous. J’ai dû vous sembler injuste et bizarre. À présent que vous avez oublié cette mortification et que vous avez certainement d’autres projets de mariage, ne me punissez pas trop cruellement en me laissant la douleur d’avoir blessé et affligé mon bien-aimé grand’père. Dites-lui que vous me pardonnez, afin qu’il me pardonne. Soyez généreux, monsieur, cela vous portera bonheur. La digne compagne que vous aurez un jour saura votre bonté et vous en tiendra compte. Moi, je ne vous demande pas de me rendre