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Page:Sand - Marianne, Holt, 1893.djvu/59

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XVII

Pierre, résolu quand même à faire bonne garde autour de Marianne, rentra pour prendre son bâton et son sac de promenade, accessoires qui motivaient ses excursions habituelles et sans lesquels on se fût étonné de le voir marcher comme au hasard dans la campagne. Dans le pays, on n’a guère le droit d’errer sans but déterminé, on passerait pour fou ; mais si on a l’air de chercher ou de recueillir quelque chose, on ne passe que pour savant, ce qui est moins grave, à moins qu’il ne se mêle à cette réputation quelque accusation de sorcellerie.

Pierre avait assez de notions d’agriculture pour rester pratique en apparence. On supposait d’ailleurs, à le voir si curieux des ruines, des plantes et des rochers, qu’il était chargé par le gouvernement de faire la statistique du pays. Jamais le paysan du centre ne suppose qu’un particulier se livre à ces recherches pour son propre plaisir ou pour sa propre instruction.

Le soleil était levé quand Pierre André se trouva dans le bois de hêtres qui garnissait le ravin au-dessus de Validat. De là, caché dans les taillis, il pouvait explorer du regard et la métairie et les chemins environnants. Il vit qu’on s’agitait beaucoup dans la métairie, probablement pour le dîner que préparait Marianne, et, vers cinq heures, il vit Marianne elle-même donnant des ordres, allant et venant dans la cour. Puis on lui amena Suzon, qu’elle monta et dirigea vers l’endroit du bois où coule le ruisseau.

Pierre descendit rapidement la colline et se trouva en même temps qu’elle au petit gué.