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Page:Sand - Marianne, Holt, 1893.djvu/75

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qui nous cherche, je ne veux pas qu’il entre dans mon désert.

Et elle se mit à courir, adroite et légère, sur ce terrain raviné qu’elle effleurait comme une hirondelle.

— Merci, Marianne ! lui criait Pierre dans son cœur.

Mais l’espèce d’ivresse où il était plongé se dissipa vite lorsqu’il vit Marianne accepter le bras que Philippe lui offrait pour rejoindre madame André. Il eût voulu qu’elle trouvât un prétexte pour le refuser. Il est vrai qu’il n’y en avait pas de plausible, à moins de prendre un rôle de béguine.

Marianne semblait peu disposée à se poser en prude vis-à-vis de Gaucher. Elle avait fait une toilette assez voyante : une robe de mousseline de laine bouton d’or, qui donnait à sa peau brune un reflet très-favorable. Au cou et aux bras, ce ton vif était coupé et adouci par des ruches de tulle uni très-transparent. Rien dans ses cheveux noirs qu’une rose jaune nuancée de rose ; mais sa chevelure épaisse et courte était bouclée avec plus de soin qu’à l’ordinaire. Elle était bien chaussée, et son pied, qu’elle cachait presque dans de grosses bottines et même dans de vulgaires sabots de noyer, était une merveille de petitesse. Gaucher l’examinait avec une curiosité hardie qui ne semblait pas lui déplaire. Il regardait son pied, sa main, sa taille, d’un air de connaisseur satisfait qui veut que l’on constate sa satisfaction. Il ne se gêna pas pour lui dire qu’elle avait une robe délirante de ton, et que sa taille était un palmier balancé par la brise.

— Ma taille un palmier ? répondit gaiement Marianne. Alors c’est un palmier nain, un chamærops ? n’est-ce pas, mon parrain ?

— Oh ! oh ! savante ? s’écria Philippe naïvement.

— Non, monsieur, pas du tout. M. Pierre a un palmier comme cela dans une caisse, et j’ai retenu le nom.

— Mais vous aimez les fleurs, car vos vases et vos corbeilles sont des merveilles de goût.

— Ce ne sont que des fleurs de nos haies et de nos prés. Je les aime mieux dehors que dans mon petit