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Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/101

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blanche. Un chapeau de paille ombrageait les traits ; mais cette jolie main et l’attitude toujours heureuse sans être cherchée, la souplesse du mouvement, ce je ne sais quoi d’harmonieux, de noble et de touchant dans la pose, — c’était bien mademoiselle Vallier. Sans voir ses traits, on la reconnaîtrait entre mille. Je m’éloignais par discrétion ; mais, en se relevant, elle me vit, me reconnut aussi tout de suite, je ne sais comment, car elle ne m’avait pas encore regardé, et, sans embarras ni surprise, elle vint à moi, tenant avec aisance son petit vase de fer-blanc plein de la belle crème mousseuse et chaude destinée à sa malade.

— Monsieur, me dit-elle, il y a trois jours que je n’ai aperçu M. Sylvestre. L’avez-vous vu ? savez-vous s’il se porte bien ?

— Non, en vérité, mademoiselle. Êtes-vous inquiète de lui ? J’y cours !

— Vous ferez bien, monsieur. Ce pauvre homme est si seul ! et je ne peux pas y aller, moi. Allez-y bien vite.

— Comment vous ferai-je savoir de ses nouvelles ?

— S’il est gravement malade, faites-le-moi dire par le premier passant venu. Tout le monde est obligeant ici. Si l’on ne me dit rien, je comprendrai qu’il n’y a rien d’inquiétant. Ah ! attendez. S’il a besoin qu’on le garde, avertissez madame Laroze, la femme de l’aubergiste des Grez, la première maison du bourg, en entrant, à gauche. C’est une bien bonne femme, et qui aime M. Sylvestre.

— Je l’aime aussi, mademoiselle, et vous pouvez compter que s’il est malade, je ne le quitterai pas.

Vingt minutes plus tard, j’étais à l’ermitage. M. Sylvestre est enrhumé, il a eu un mouvement de fièvre.