Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/107

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autour de notre malade comme frère et sœur, ou tout au moins comme deux amis de vieille date.

En deux enjambées, car on va vite à la descente, j’étais à la porte de mademoiselle Vallier. Elle était ouverte, je frappai quand même, une voix d’homme me cria d’entrer. Il n’y avait pas de temps à perdre ni de scrupules à garder ; je pénétrai dans le sanctuaire.

Un jeune médecin, à figure honnête et douce, était penché sur un hamac où semblait expirer une fillette dont je ne pus, à première vue, déterminer l’âge et le type. Elle était d’un ton effrayant, jaune verdâtre avec de grands yeux vitreux, le nez trop petit, court et serré aux narines, les lèvres entièrement blanches, amincies et comme séchées autour des dents brillantes. Elle voulut parler en me voyant. Elle savait ce qui m’amenait ; mais, en proie à une crise, elle ne pouvait se faire entendre. Je me hâtai de dire de quelle part je venais, et elle hâta par signes le départ du médecin.

— Oui, je sais, dit-il en s’adressant à moi ; l’ermite ! mais tout à l’heure ! je ne puis abandonner…

— Il faut, il faut ! bégaya la malade. Maîtresse l’a dit, allez !… Moi, très-bien,… rien du tout !

— Au fait, me dit le médecin tout bas en me prenant à part, il n’y a guère d’espoir ici, mais il y en a sans doute d’où vous venez. J’y cours, ne me conduisez pas. Je connais le bois et l’ancienne Chartreuse comme ma poche. Puisque vous êtes de bon cœur et de bonne volonté, restez ici un quart d’heure. Ne laissez pas parler la malade avant cinq minutes, ne la laissez pas s’étendre ni se rouler dans son hamac. Soutenez-la assise, et malgré elle, s’il le faut. Faites-