Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/264

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étaient irréalisables ? Je suis en somme très-content d’avoir retrouvé mon fils tel qu’il était avant ses aventures personnelles. Le voilà replongé dans son idéal philosophique et oubliant les soucis et les déceptions de la vie réelle. J’ai cru devoir te transcrire tout au long notre entretien. Tu aimes notre ermite, et l’esquisse de sa doctrine explique celle de sa physionomie, que tu m’as plus d’une fois reproché de laisser incomplète.

Gédéon m’a écrit ceci : « Vous semblez nous fuir, et, puisque vous n’en dites pas la raison, il faut que je la devine. Voyons. Une certaine beauté coiffée de rubans rouges est absente de chez nous pour huit jours. Si cette nouvelle nous ramène notre ami, nous serons à l’avenir plus discrets et plus prudents. »

La fin est énigmatique. Se reproche-t-on d’avoir un peu compromis Jeanne vis-à-vis de moi, et se promet-on de ne pas recommencer ? Ou bien me promet-on, à moi, de ne plus chercher à me surprendre et de me laisser le temps de la réflexion ? N’importe, j’irai demain à la Tilleraie, pour que l’on ne doute pas de ma protestation. Et pourquoi n’irais-je pas ce soir ? Il n’est que huit heures, et il fera si bon revenir à minuit, à la pure clarté des étoiles !


L’Escabeau, 17 juillet.

Je reprends ma lettre d’hier. J’ai donc passé ma soirée à la Tilleraie. Une soirée charmante ! Il n’y avait pas d’étrangers, les enfants étaient couchés, et mademoiselle Vallier, qui d’ordinaire se retire comme eux à neuf heure, pour aller veiller dans son pavil-