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Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/298

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— Vous le lui avez offert ?

— Je ne lui ai pas même laissé soupçonner ma passion.

— Sa passion ! Est-il original ! Et depuis quand cette grande passion ?

— Depuis le premier jour où je l’ai vue.

— Alors, vous m’avez trompé quand vous m’avez dit…

— Je vous ai dit que je n’avais jamais songé à lui faire la cour. Je ne vous ai pas dit autre chose.

— Peut-on aimer avec passion sans songer à provoquer l’amour ?

— C’est un devoir quand on n’a que la misère à offrir.

— Vous êtes donc riche à présent ?

— J’ai de quoi vivre. Un héritage inattendu.

— Combien ?

— Cent cinquante mille francs.

— Peuh !

— Tout est relatif. Mademoiselle Vallier n’a que douze cents francs de rente.

— Elle sait que vous avez cette petite fortune ?

— Non.

— Vous êtes venu chez moi il y a deux jours. Vous le lui avez dit ?

— Non.

— Mais vous avez chargé l’ermite de le lui dire ?

— Je le lui ai défendu.

— Alors, vous ne lui avez fait aucune déclaration ?

— Écoutez, mon cher Gédéon. Du moment que, vous sachant absent, je ne suis pas retourné chez vous, et du moment que je vous fais venir ici pour vous dire mes sentiments et mes intentions, à vous le pre-