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Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/185

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une goutte de fiel dans le calice que boit votre femme. Mais vous ne voyez que la surface des choses : dès que vous avez le dos tourné, on se paye avec usure de la privation : ce sont des critiques mordantes à propos de tout, des allusions tirées par les cheveux, des contradiction obstinées sur les sujets les plus futiles, un ton tranchant qui impose silence ou un dénigrement plein de mépris à la moindre objection. Il semble même que, quand vous êtes ici, il y ait comme une menace suspendue sur la tête de ma pauvre tante. Elle la pudeur, la droiture, la candeur même, elle est accusée de coquetterie, de mystère, que sais-je ! C’est incompréhensible pour elle et pour moi-même, ce qu’on a l’air de lui reprocher quelquefois ! Ma tante s’en est émue d’abord, et puis elle s’est soumise avec une abnégation sans égale, et renfermée dans son martyre avec une force effrayante ; car ce martyre la consume et la brise.

— Oui, je le conçois, dit Dutertre en passant les mains sur son front brûlant. Olympe a le droit d’être la plus fière et la plus libre des créatures humaines, et elle se condamne, par amour pour moi, à en être la plus humble et la plus foulée. Ah ! pauvre femme ! mon amour lui a été fatal.

— Si vous l’entendiez parler de cet amour, vous comprendriez qu’elle le préfère, avec tous ses maux, à un bonheur sans trouble qui ne lui viendrait pas de vous. Soyez donc aussi courageux qu’elle, mon oncle !

— Ah ! qu’il est facile de l’être, quand à une âme vaillante on joint un corps robuste ! Mais, chez elle, l’enveloppe est délicate, et le corps succombe… Elle meurt, mon ami, elle meurt ! Ne le vois-tu pas ?

— Elle peut guérir. Il ne s’agit que de lui trouver un moyen de repos, un temps d’oubli ; car, tant que vos filles