Aller au contenu

Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Oh ! moi, ça n’est pas la même chose, je ne saurais pas trouver toutes les bêtises que vous lui dites pour la faire rire. Il y a bien M. Amédée qui lui en dit pas mal aussi, mais elle ne le trouve pas moitié si drôle que vous. D’ailleurs, le vlà parti.

— Parti ? Amédée est parti ?

— Oh ! pas pour longtemps : pour trois ou quatre jours ; il accompagne madame et mademoiselle Caroline, qui vont voir une dame à Nevers. Ils seront tous revenus lundi.

— Ainsi, madame Dutertre n’est pas à Puy-Verdon ?

— Non, monsieur ; depuis ce matin, il n’y a plus personne à la maison, que monsieur et les deux autres demoiselles.

— Crésus, dit Thierray, vous aimez les pipes, mais que diriez-vous de cette poche à tabac de maroquin brodé en or ? Les yeux de Crésus s’arrondirent, il rougit, tendit la main, balbutia, et resta penaud quand Thierray lui retira l’objet qu’il croyait déjà tenir.

— Il faut la gagner, dit-il. Vous direz à toute la maison de Puy-Verdon que mon pied est fort malade, que je souffre horriblement, et que j’en ai encore au moins pour trois jours.

— Oui, monsieur, ça n’est pas malaisé à dire.

— Mais, comme je suis de plus en plus généreux, je ne veux pas vous condamner à faire un mensonge à votre jeune maîtresse. Vous direz donc à mademoiselle Éveline, à elle seule, entendez-vous, que je n’ai jamais eu d’entorse plus qu’elle n’en a, ni vous non plus.

— Tiens ! tiens ! c’est pour la faire enrager ! dit Crésus en riant d’un air agréable. Pardié ! c’est bien fait, puisqu’elle est si maligne avec vous. Dame, elle a tort pourtant ! vous seriez un aussi joli mari qu’un autre pour elle, si vous étiez tant seulement un peu riche !