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Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/282

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prendre, auprès d’un jeune arbre dépouillé de ses feuilles… le page de Puy-Verdon prenant en rêve le délassement d’une pipée dont il préparait les gluaux.

Thierray entendant parler Forget sur un diapason inusité, et reconnaissant aussi la voix de Crésus, qui semblait demander grâce tout en provoquant, selon la coutume des enfants terribles, arrêta son cheval et prêta l’oreille.

— C’est très-bien ! disait Forget. Tu n’es qu’un méchant galopin que j’ai toujours soupçonné de me voler mon tabac et mes brosses. Tu le faisais par méchanceté plus que par chiperie, je le sais bien ; mais tu m’as fait de mauvaises farces dont je n’ai pas voulu me plaindre. C’est toi, pas moins, qui m’as fait quitter ces bons maîtres, parce que je ne pouvais plus me supporter avec toi. J’ai été bon ; j’ai dit : « Si je le fais renvoyer et qu’il tombe sur de la canaille de maîtres comme il y en a, c’est un enfant perdu qui ira au mal comme tant d’autres. » J’ai lâché la maison…

— Oui, oui, répondit Crésus, parce que vous saviez bien que mademoiselle Éveline me soutiendrait, et que vous ne me feriez pas renvoyer comme ça ! Vous n’êtes qu’un vieux grigou qui se fâche de tout…

— Et, en attendant, je t’ai pardonné quand tu es venu me demander grâce en pleurant, et me disant que, si tu étais renvoyé de Puy-Verdon, tes parents ne te recevraient pas. Le vieux a cédé la place au jeune, parce que le vieux était sûr de gagner sa vie honnêtement partout, et que le jeune risquait de devenir un vagabond et de finir par les galères.

— Eh bien, qu’est-ce que vous me reprochez à c’t’heure ? quel mal est-ce que je vous ai fait depuis ?

— Tu m’as fait faire hier une sottise, et je te le repro-