Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/308

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— Qui donc est là ? demanda-t-il à Crésus en désignant la maison devant laquelle stationnait l’équipage.

— Il n’y a que madame toute seule, qui est venue porter des remèdes à un malade.

— La mère ? C’est encore mieux, se dit Flavien.

Mais, au moment de mettre pied à terre pour entrer dans la maison, il hésita.

— Oui, si c’était une mère ! pensa-t-il ; mais une belle-mère ! un être qu’à tort ou à raison on regarde comme un ennemi naturel ! Que faire ? Éveline ne me le pardonnera peut-être pas ! Cependant, tôt ou tard, il faudra bien que madame Dutertre sache ce qui est arrivé. Il me paraît même impossible qu’elle l’ignore jusqu’à ce soir… Les moments sont précieux, l’état d’Éveline peut être grave. Sa vie est une plus grande responsabilité pour nous que son secret… Allons !

Il descendit de cheval, et, au même moment, madame Dutertre, portant une petite pharmacie de campagne sous son bras, sortit de la chaumière, reconduite par une jeune fille qui la remerciait des soins rendus à ses parents.

Flavien, qui se regardait comme bien guéri de sa passion, se sentit pourtant ému, en la voyant, plus qu’il ne s’y attendait.

Olympe était de ces femmes que l’on ne regarde pas impunément, soit qu’on les voie des yeux du corps ou des yeux de l’âme. Elle avait une de ces beautés parfaites qui résultent d’une complète harmonie morale et physique dans l’organisation. Tout en elle était beau et pur, les traits, l’expression, la taille, les cheveux, les extrémités, la voix, le regard, le sourire et même les larmes, comme Flavien l’avait très-bien remarqué. Elle avait paru si parfaite à son père, qui était un artiste éminent, et à tous