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Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/317

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les tristes réflexions que lui suggérait la circonstance ; Flavien sur le siège, conduisant à fond de train, à travers des chemins difficiles et dangereux, deux chevaux ardents, et tout entier à la brillante responsabilité d’arriver vite au secours d’une héroïne sans compromettre les jours de l’autre. Flavien, comme tous les hommes adonnés aux exercices de la vie physique, était un peu enfant et attachait une certaine importance à son talent d’automédon. De temps en temps, il se retournait vers Olympe pour lui demander si elle n’avait pas peur ; mais la glace se trouvait toujours entre eux, ce qui coupait court à tout dialogue, et il la voyait absorbée, tristement rêveuse, n’accordant aucune attention aux accidents du chemin, par conséquent au mérite de son conducteur.

Au bas de la colline de Mont-Revêche, il fallait de toute nécessité prendre le pas, tant le chemin était rapide. Olympe, seulement alors, baissa la glace entre le fond de la voiture et le siège de Flavien.

— Monsieur, lui dit-elle, croyez-vous que je puisse entrer chez vous sans être vue de vos domestiques ?

— Je n’en fais pas de doute, madame ; certainement Thierray les aura tous éloignés. Mais les gens de la ferme ont déjà dû reconnaître votre voiture.

— Peu importe, dit-elle. M. Dutertre vous ayant déjà prêté des chevaux et une voiture, il n’y a pas de raison pour qu’on sache que je suis dans celle-ci. J’ai eu soin de me cacher.

— Entrerai-je dans la cour, madame ?

— Oui ; mais ne m’ouvrez la portière qu’après vous être assuré de l’absence de témoins indiscrets.

La porte de Mont-Revêche était fermée au verrou et à la barre. Flavien sonna d’une certaine façon convenue entre lui et Thierray. Celui-ci vint ouvrir lui-même, et