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Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/333

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— N’entrez pas, monsieur, lui dit-elle. Ma diablesse dort, elle Dort très-bien ; et, tenez, la petite aussi fait son somme, ajouta-t-elle en entre-bâillant la porte et en montrant Caroline assise et assoupie au coin du lit de sa sœur.

— Est-ce que cette enfant va veiller ? dit Dutertre.

— Non, non, Monsieur, c’est madame qui veut veiller. Elle a été prendre sa coiffe et sa robe de chambre pour passer la nuit ; elle renverra la petite sitôt qu’elle reviendra. Moi, je resterai là aussi, soyez tranquille.

— Non pas, Grondette ; mettez un lit de sangle pour vous dans cette pièce, afin qu’on puisse vous appeler au besoin. C’est moi qui veillerai ma fille.

— Vous ferez bien, dit Blondeau ; madame Dutertre n’est pas de force à passer les nuits, ne le souffrez pas.

Blondeau, en apprenant d’Amédée qu’il avait révélé à son oncle la maladie nerveuse d’Olympe, s’en était expliqué avec Dutertre. Blondeau n’avait jamais cru Olympe dangereusement malade, surtout depuis les quelques jours où, la méchanceté de Nathalie s’étant engourdie, madame Dutertre avait paru subitement refleurir. Il avait passé ensuite quelques autres jours sans la voir. Au milieu de l’accident d’Éveline, il n’avait pas été surpris de la voir pâle et bouleversée. Mais il crut devoir réveiller les inquiétudes de Dutertre, car il pressentait un orage inouï dans les fastes de cette union jusque-là si paisible et si tendre. Il se confirma dans cette opinion en notant le silence de Dutertre, qui, à l’ordinaire, l’accablait de questions sur ce sujet, et qui parut à peine l’avoir entendu.

Dutertre descendit, traversa la maison et se rendit par l’intérieur à ses appartements. Blondeau ne voulut pas le suivre, mais il alla au jardin et marcha sur la pelouse à portée, non pas d’entendre une discussion conjugale, mais d’offrir secours et consolation au besoin. Il a dit