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Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/345

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coucher aussi ; vous avez fait assez de mal pour aujourd’hui.

— Mon père n’est pas en danger ?

— En danger ? dit Blondeau. On est toujours en danger, quand on va se battre au pistolet, et je jurerais que M. Dutertre est à cette heure-ci sur la route de Mont-Revêche.

— Il va se battre avec M. de Saulges ! s’écria Nathalie ; comme cela, tout d’un coup, sans rien éclaircir, sur un doute qui ne fait que d’entrer dans son esprit ! Mais quelle atroce passion a-t-il donc pour cette femme ?

— Il a la passion de l’amour, comme vous avez celle de la haine.

— Mon Dieu, mon Dieu, que faire ? dit Nathalie en se tordant les bras, sourde qu’elle était devenue aux injures de Blondeau.

— Il n’y a rien à faire, dit celui-ci, qu’à vous retirer chez vous et à passer une mauvaise nuit que vous n’aurez pas volée. Ah ! si fait, attendez… Mais cela ne vous regarde pas.

Il alla donner quelques ordres et revint. Il trouva Nathalie qui montait l’escalier d’Olympe. Il la saisit par le bras et la fit redescendre avec autorité.

— Non, lui dit-il, les malades me sont confiées, et vous n’irez pas me tuer celle-là. J’en réponds devant Dieu. Si vous voulez absolument tuer quelqu’un, jetez l’alarme dans la maison, réveillez Éveline en sursaut, dites-lui ce qui se passe, elle aura un accès de fièvre cérébrale, et, dans trente-six heures, elle sera morte.

Blondeau ne savait pas toute la profondeur du caractère de Nathalie ; il la savait bilieuse, jalouse de son père et médisante en général. Il regardait comme un devoir de sa position d’ami et de médecin de la famille de lui donner une rude leçon, pensant qu’il la corrigerait, ou que,