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Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/349

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de quelqu’un autour de vous, que vous semblez plongée dans la mélancolie ?

Olympe fit signe que non.

— Nathalie est venue demander souvent de vos nouvelles ; ne voudriez-vous pas lui serrer la main avant de vous endormir ?

Olympe étendit sa main décolorée, comme pour recevoir celle de son ennemie.

Nathalie s’élança vers elle, tomba à genoux près de son lit et couvrit de baisers et de larmes cette main qu’elle ne touchait jamais que du bout du doigt avec une impitoyable affectation. Elle était si effrayée de la pâleur et du mutisme d’Olympe, qu’elle sentait qu’elle l’avait tuée, et la terreur du châtiment moral la pliait enfin comme un criminel qui baise le crucifix au pied de l’échafaud.

Olympe parut étonnée de cette effusion et la regarda quelques instants comme pour recueillir ses idées. Puis, des larmes vinrent à ses yeux, elle attira Nathalie vers elle, lui donna un long et maternel baiser au front, se laissa retomber sur son oreiller et s’assoupit enfin avec un divin sourire sur les lèvres. La pauvre femme croyait avoir rêvé toutes les douleurs de sa vie, et toutes les images effrayantes qui flottaient depuis une heure dans son cerveau s’évanouissaient comme des chimères.




XXX


Pendant que ces choses se passaient à Puy-Verdon, Dutertre, comme l’avait très-bien auguré Blondeau, courait sur le chemin de Mont-Revêche. La nuit était fraîche ; la lune, pleine et brillante, éclairait tous les objets distinctement. Dutertre montait un grand et vigoureux cheval