Aller au contenu

Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

baisser, et je voudrais bien voir mon Olympe avant que les bougies fussent allumées.

M. Dutertre insistait. Le transvasement du contenu de la patache dans la calèche fut fait rapidement ; le postillon fît claquer son fouet, et, au bout de quelques minutes, on descendit au perron de Puy-Verdon, sans avoir attiré l’attention des châtelaines : car M. Dutertre n’avait pas annoncé le jour de son arrivée, et la pluie claquemurait probablement les dames au salon, qui donnait sur les jardins, à l’autre face du château.

Ce court trajet dans la calèche avait suffi pour mettre complètement à l’aise les trois personnes, dont deux se trouvaient pour la première fois en présence l’une de l’autre, et déjà la vente de Mont-Revêche était une affaire arrangée. Dutertre avait été au-devant des explications de Flavien sur le but de son voyage.

— Je sais que vous venez ici avec l’intention de vendre, lui avait-il dit ; moi, j’ai le désir d’acheter. Vous me direz ce que vous évaluez votre propriété. Votre prix sera le mien, à moins que vous ne vous trompiez en l’estimant moins qu’elle ne vaut. Je passe pour un honnête homme, et je crois que c’est la vérité.

— Monsieur, avait répondu Flavien, j’aime beaucoup votre manière de procéder. Puisque vous avez tant d’obligeance, je vous enverrai demain ma procuration avec pouvoirs illimités pour vendre à M. Dutertre au prix que vous voudrez bien fixer.

Ils se donnèrent la main en riant, et, dès ce moment, ils furent amis. La rondeur de caractère de Dutertre était accompagnée d’une telle distinction de manières, de physionomie et d’accent, qu’elle était irrésistible, et que la personnalité la plus jalouse de ses propres avantages n’eût trouvé chez cet homme aucun côté par où il fût