Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/372

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dont elle se croyait guérie. Elle avait horreur de se rappeler le souvenir de ce mal qui était lié à celui de ses chagrins. Vis-à-vis de sa propre conscience, se les retracer, c’eût été en révoquer le pardon.

Elle était bien guérie, en effet, du mal présent ; mais elle était la proie d’un autre mal plus grave, auquel le premier l’avait prédisposée. Quand le déchirement s’opère dans les liens qui nous retiennent à la vie, il y a longtemps qu’ils sont usés en nous par une force insensible et lente, mais acharnée et impitoyable.

Un matin. Olympe ayant monté un escalier un peu plus vite que de coutume, tomba suffoquée sur la dernière marche ; un soir qu’elle chantait, elle s’interrompit en s’écriant, hors d’elle-même :

— De l’air ! de l’air ! mes amis, j’étouffe ! je meurs !

Les accidents devinrent peu à peu plus fréquents, plus prolongés. La fièvre lente s’établit, les forces déclinèrent rapidement ; un matin, Olympe ne put se lever et pleura de dépit contre elle-même, qui avait réussi à se vaincre jusqu’à ce moment. Ce jour-là, Éveline, debout et guérie, Thierray, épris et rassuré, recevaient la bénédiction nuptiale dans la chapelle du château de Puy-Verdon. Olympe ne put y assister et pria pour eux avec ferveur.

Le lendemain, Dutertre, que l’inquiétude commençait à dévorer, arracha de la bouche de Blondeau et de Martel, réunis en consultation à deux autres médecins, ces paroles qui ménageaient la portée du coup fatal :

— Cela pourrait devenir assez grave. Tout fait craindre un commencement d’anévrisme au cœur.

Les médecins s’étaient dit entre eux :

— C’est une femme morte. Tout ce qui était indiqué par la science a été observé avec discernement par notre confrère Blondeau. Qu’il continue à adoucir les dernières