Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/86

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quet, avec charge d’en avoir soin à mes frais et dépens !

— Oh ! c’est inutile, monsieur. Cela a été prévu dans le testament de madame la chanoinesse, et il y a une rente constituée pour moi comme pour lui.

— Eh ! c’est vrai, dit Flavien, je l’avais oublié ; oui, oui, bonne Manette, en même temps que le sort de Gervais et le vôtre sont assurés, celui de Jacot est à l’abri des coups du sort… Thierray, salue encore ce centenaire ; c’est un rentier, il jouit d’une pension de vingt-cinq francs de rente.

— Il est plus riche que moi, dit Thierray. Es-tu bien sûr que ce soit le même perroquet ? ajouta-t-il à voix basse. Pour conserver la rente, comme celui-ci a une réputation de longévité, je gage qu’on le fera vivre deux ou trois siècles dans la famille Gervais, en lui substituant des individus de deux ou trois générations de son espèce.

— N’importe ! dit Flavien. Manette, vous aimez cette maison, je le vois. Je mettrai dans mon contrat de vente que vous y demeurerez le reste de votre vie, ainsi que Jacot et Gervais.

— Merci, monsieur le comte ! Dieu vous bénira, dit la vieille en s’inclinant devant Flavien et en donnant un baiser à Jacot.

Leurs vieilles têtes, en se rapprochant, présentèrent à l’œil de Thierray une ressemblance d’un comique, et en même temps d’une tristesse extraordinaires. Malgré cette remarque, qui le fit sourire, il ne put se défendre d’une sorte d’attendrissement qu’il secoua vite en rappelant à Flavien l’objet de leur visite domiciliaire au salon.

— Cet ameublement, si complet et si bien conservé, lui dit-il, est un spécimen d’une rare homogénéité. Tout y porte la même date, Louis XVI, depuis les choses de fond jusqu’aux derniers accessoires, depuis les tentures,