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Page:Sand - Nanon, 1872.djvu/118

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— Quand nous en serons là, vous pouvez compter sur moi, malgré que Louise ne soit guère aimante pour moi et que j’aurai grand chagrin de quitter mon endroit ; mais cette chose que vous dites ne peut pas arriver, puisqu’il vous faudrait aller contre la volonté de votre père.

— Mais sais-tu que, si nous avons la guerre, il faudra que j’en sois ou que je passe à l’étranger ? Tu as bien ouï-dire qu’on y enverrait tous les jeunes gens en état de porter les armes ?

— Oui, mais ce n’est pas fait : comment pourrait-on forcer tout le monde ? Il faudrait autant d’hommes de maréchaussée que de gens à faire marcher. Tenez ! Tenez ! vous me donnez des raisons parce que vous avez envie de me quitter et de devenir officier !

— Non, ma chère enfant, je n’ai pas d’ambition, on ne m’a pas élevé pour en avoir et je n’aime pas la guerre. Je suis né doux et je n’ai pas le goût de tuer des hommes ; mais il y aura peut-être une question d’honneur et tu ne voudrais pas me voir méprisé ?

— Oh non ! par exemple ! j’ai trop souffert dans le temps où l’on disait que vous ne seriez jamais bon à rien ; mais tout cela peut tourner autrement et, si vous n’êtes pas forcé, jurez-moi que vous ne nous quitterez pas.

— Peux-tu me demander cela ? tu ne sais donc pas comme je t’aime ?

— Si fait, je le sais. Vous m’avez promis que, quand vous seriez marié, vous me donneriez vos enfants à garder et à soigner.

— Marié ? tu crois donc que je veux me marier ?

— Vous avez dit une fois que vous y penseriez un