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Page:Sand - Nanon, 1872.djvu/352

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XXVIII


Je commençais à m’assoupir vers deux heures du matin, quand madame Costejoux, en rêvant, prononça à voix haute et avec un accent de détresse le nom de son fils. Je crus devoir la tirer de ce mauvais rêve.

— Oui, oui, dit-elle en se soulevant, c’est un cauchemar ! Je rêve qu’il tombe d’une falaise élevée dans la mer. Mieux vaudrait ne pas dormir !

Mais, comme elle avait passé la nuit précédente à causer avec lui de leur commune préoccupation, elle se laissa retomber sur l’oreiller et se rendormit. Peu d’instants après, elle parla encore, et je saisis, parmi ses paroles confuses, cette prière dite d’un ton suppliant :

— Secourez-le, ne l’abandonnez pas !

Une crainte superstitieuse s’empara de mon esprit.

— Qui sait, me disais-je, si cette pauvre mère ne subit pas le contre-coup de quelque grand péril couru par son fils ? S’il était, lui, dans une crise de désespoir ? Et si, dans ce moment même où nous le croyons endormi, il se trouvait aux prises avec le vertige du suicide ?

Une fenêtre s’ouvrit au-dessous de la nôtre. Je regardai