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Page:Sand - Nanon, 1872.djvu/42

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c’était une personne qu’on avait mise en prison.

— C’est-à-dire, me répondit-il, que la Bastille était une prison affreuse que les gens de Paris ont jetée à bas.

Et il m’expliqua dans un sens très révolutionnaire la chose et l’événement. En réponse à d’autres questions, il m’apprit que les moines de Valcreux regardaient la victoire des Parisiens comme un très grand malheur. Ils disaient que tout était perdu et parlaient de faire réparer les brèches du couvent pour se défendre contre les brigands.

Nouvelles questions de ma part. Émilien fut embarrassé de me répondre. Il n’en savait guère plus que moi.

Nous étions à la fin de juillet, et je connaissais déjà le petit frère depuis près d’un an. J’avais mon franc parler avec lui comme avec tout le monde de l’endroit, et je m’impatientai de le voir aussi peu au fait que nous autres.

— C’est drôle, lui dis-je, que vous ne soyez pas mieux instruit ! Vous dites que chez vous on ne vous apprenait rien ; mais, depuis le temps que vous êtes au couvent pour apprendre, vous devriez à tout le moins savoir lire, et Jacques dit que vous ne savez guère.

— Puisque Jacques ne sait pas du tout, il ne peut pas en juger.

Il dit qu’il avait apporté de la ville un papier que vous avez si mal lu qu’il n’y a rien compris.

— C’est peut-être sa faute ; mais je ne veux point mentir. Je lis très mal et j’écris comme un chat.

— Savez-vous au moins compter ?