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Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/164

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pendant qu’elle me parlait, je regardais, malgré moi, la petite Sylvie, qui jouait au fond du salon avec un petit chat, et je ne pouvais pas en arracher mes yeux. J’ai honte de vous avouer que, malgré moi, je lui cherchais une ressemblance, soit avec Juliette, soit avec un autre… Et, par moments, je trouvais une ressemblance avec quelqu’un que je connaissais ; mais ce n’était pas Albany, et, chose singulière, je ne pouvais pas dire qui.

» Tout à coup, je trouvai ce que je cherchais, et je ne pouvais pas m’en croire moi-même ; et pourtant, plus je regardais, plus j’étais sûr de voir clair ; je me sentis si bouleversé, que mademoiselle d’Estorade vit bien que je ne l’écoutais plus. Elle me dit tout doucement :

» — Vous regardez cette petite ? N’est-ce pas qu’elle est belle ? Vous savez, à présent, que je l’aime comme si elle était à moi. Un jour, je vous dirai qui elle est, car il est probable que vous vivrez longtemps et que je mourrai jeune… Eh bien, puisque nous en sommes là-dessus, je veux vous confier tout de suite une chose que je comptais vous dire un peu plus tard. J’ai fait hier mon testament. Je vous ai nommé mon exécuteur testamentaire et tuteur de cette petite fille, dans le cas où elle ne serait pas établie quand je partirai. Je ne vous ai pas consulté. Après ma mort, il vous sera remis des pièces qui vous feront accepter sans hésitation ni regret.

» Ce que disait là mademoiselle d’Estorade me boule-