Page:Sand - Nouvelles (1867).djvu/273

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— Vous a-t-on dit le nom de ce jeune homme ? demanda Buondelmonte.

— Ma foi ! je ne m’en souviens plus. C’était un Florentin ; et vous devez le connaître, car il est encore…

Le comte l’interrompit afin d’éluder la question :

— Et que répondit lady Mowbray ?

— Elle accorda le rendez-vous, résolue à punir le jeune homme de sa fatuité et à le couvrir de ridicule. Elle avait préparé, à cet effet, je ne sais quel guet-apens de bonne compagnie, dont je ne sais pas bien les détails.

— N’importe, dit le comte.

— Le Florentin arriva donc ; mais il était si beau, si aimable, si spirituel, que lady Mowbray chancela dans sa résolution. Elle l’écouta parler, hésita et l’écouta encore. Elle s’attendait à voir un impertinent qu’il faudrait châtier ; elle trouva un jeune homme sincère, ardent et romanesque… Que vous dirai-je ? Elle se sentit émue, et essaya pourtant de lui faire peur en lui parlant de prétendus dangers qui l’environnaient. Le Florentin était brave ; il se mit à rire. Elle tenta alors de l’effrayer en le menaçant de sa froideur et de sa coquetterie ; il se mit à pleurer, et elle l’aima… Si bien que le comte de… ma foi ! je crois que son nom va me revenir… Buonacorsi… Belmonte… Buondelmonte, ah ! m’y voici ! le comte de Buondelmonte eut le pouvoir d’attendrir ce cœur rebelle. Lady Mowbray fixa à Florence ses affections et sa vie. Le comte de Buondelmonte fut son premier et son seul amant sur la joyeuse terre d’Italie. Maintenant que je vous ai raconté cette histoire telle qu’on me l’a donnée, dites-moi, vous qui êtes de Florence, si elle est vraie de tout point… Et cependant, si elle ne l’est pas, ne me dites pas que c’est un conte fait à plaisir ; il est trop beau pour que je sois désabusé sans regret !