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Page:Sand - Nouvelles (1867).djvu/74

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quelle négligence ! quelle apathie ! Y songez-vous, mon cher ? se présenter avec une mauvaise toilette devant une femme que l’on n’aime plus, c’est une faute énorme ! Sachez donc bien qu’il faut, au contraire, lui apparaître avec tous vos avantages, afin de lui faire sentir le prix de ce qu’elle perd. Allons, allons ! relevez-moi votre chevelure encore mieux que s’il s’agissait d’ouvrir le bal avec miss Margaret. Bien ! Laissez-moi donner un coup de brosse à votre habit. Eh quoi ! auriez-vous oublié un flacon d’essence de tubéreuse pour inonder votre foulard des Indes ? Ce serait impardonnable ; non. Dieu soit loué ! le voici. Allons, Lionel, vous embaumez, vous resplendissez ; partez. Songez qu’il y va de votre honneur de faire verser quelques larmes en apparaissant ce soir pour la dernière fois sur l’horizon de lady Lavinia.

Lorsqu’ils traversèrent la bourgade Saint-Sauveur, qui se compose de cinquante maisons au plus, ils s’étonnèrent de ne voir aucune personne élégante dans la rue ni aux fenêtres. Mais il s’expliquèrent cette singularité en passant devant les fenêtres d’un rez-de-chaussée d’où partaient les sons faux d’un violon, d’un flageolet et d’un tympanon, instrument indigène qui tient du tambourin français et de la guitare espagnole. Le bruit et la poussière apprirent à nos voyageurs que le bal était commencé, et que tout ce qu’il y a de plus élégant parmi l’aristocratie de France, d’Espagne et d’Angleterre, réuni dans une salle modeste, aux murailles blanches décorées de guirlandes, de buis et de serpolet, dansait au bruit du plus détestable charivari qui ait jamais déchiré des oreilles et marqué la mesure à faux.

Plusieurs groupes de baigneurs, de ceux qu’une condition moins brillante ou une santé plus réellement détruite privaient du plaisir de prendre une part active à