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Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/107

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Ici, tout le monde va à l’eau comme des canards. Le dimanche soir, toute la population nage, plonge, dresse des bambins à se jeter dans les bassins profonds du haut des rochers et à pêcher à la main sous les blocs de la rivière. Quelques femmes nagent aussi. On se partage gaîment la pêche et on rentre pour la manger toute fraîche en famille, sauf les belles pièces, qui sont vendues à Argenton quand il n’y a pas d’étrangers au village.

Ce poisson est exquis, même le fretin. Il a la chair ferme et savoureuse.

La bonne et vraie pêche se fait avant le jour ; aussi vous pourriez marcher la nuit tout le long de ce désert, avec la certitude de rencontrer, à chaque pas, des figures affairées mais bienveillantes.

Les meuniers et les pêcheurs vivent en bonne intelligence : filets et bateaux sont prêtés à toute heure, et ce continuel échange constitue une sorte de communauté. On ne se gêne guère pour lever la vergée qu’on rencontre sur les îlots dans le courant. Mais c’est à charge de revanche, et la grande prudence du Berrichon évite les reproches et les querelles. Les