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Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/133

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francs. Mais il ne faut pas longtemps pour que les plus niais y voient clair.

Sans nous, cette année, sa boutique eût été déserte. Heureusement pour lui, tous les gamins vinrent nous demander de tenir la banque, et nous la fîmes sauter à son profit avec des joueurs qui ne payaient pas.

Mais quoi ! aussi bien que le vieux Doré, Caillaud a déjà un concurrent.

Au bout de la place, dans un coin honteux, se tient un pauvre être disloqué, horrible, qu’agite en outre une sorte de danse de Saint-Gui des plus bizarres. Lui aussi a son jeu de friandises, un tourniquet à macarons, dont les mouches sont les seuls chalands, le pauvre homme n’ayant pas, comme le magnifique Caillaud, le moyen d’abriter sa marchandise sous un parasol ; et voilà Caillaud qui pourrait bien gémir et murmurer, parce que j’ai été aussi donner un encouragement au petit commerce de l’estropié. Pour le coup, je perdrais patience et j’enverrais promener mon ami à trois pattes, s’il réclamait, en vain, le monopole de la misère et de la commisération.