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Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/185

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teur de cet article a mise sur la scène très-fidèlement ; mais ce que le théâtre ne saurait reproduire, c’est la majesté du cadre, c’est la montagne de gerbes qui arrive solennellement, traînée par trois paires de bœufs énormes, tout ornée de fleurs, de fruits et de beaux enfants perchés au sommet des dernières gerbes. C’est parfois un tableau qui se compose comme pour l’œil des artistes. Tout cela est si beau par soi-même : les grands ruminants à l’œil fier et calme, la moisson ruisselante, les fleurs souriant sur les épis, et, plus que tout cela, les enfants blonds comme les gerbes, comme les bœufs, comme la terre couverte de son chaume, car tout est coloré harmonieusement dans ces chaudes journées où le ciel lui-même est tout d’or et d’ambre à l’approche du soir.

Avant le départ du charroi de gerbaude, on entend planer d’horizon en horizon une grande clameur dont le voyageur s’étonne. Il regarde, il voit des bandes de moissonneurs et de glaneuses s’élancer, les bras levés vers le ciel et rugissant de triomphe, vers le chargeur qui lève vers le ciel aussi la dernière gerbe avant de la placer sur le faîte du char. Il semble que