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Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/19

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était tranquillement ravi du charme particulier de ce doux et agreste paysage. Tout savant exact et chercheur minutieux qu’il est, il connaît les jouissances de l’artiste, il n’a pas l’intelligence atrophiée par l’amour du détail. Il comprend et il aime l’ensemble. Il sait respirer la saveur du grand tout. Cependant il voyait comme qui dirait des deux yeux. Il en avait un pour le grand aspect du temple de la nature, et l’autre pour les pierres précieuses qui en revêtent le sol et les parois.

— Je vois ici, nous dit-il, une flore tout à coup différente de celle que nous traversions il y a un quart d’heure. Voici des plantes de montagne qui ont le facies méridional : où donc sommes-nous ? Je n’y comprends plus rien. Et cette chaleur écrasante à l’heure où l’air devrait fraîchir, la sentez-vous ? Il n’y a pourtant pas un nuage au ciel.

— Si je la sens ? répondit Amyntas. Je le crois bien ! Nous sommes pour le moins en Afrique.

— Il serait fort possible, reprit le savant d’un air absorbé, que nous fissions ici quelque rencontre étonnante !