Aller au contenu

Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je pensai aux sorcières des lavoirs, et alors, j’eus très-peur, j’en conviens franchement, et rien au monde ne m’eût décidé à revenir sur mes pas.

Une seconde fois, le même ami passait auprès des étangs de Thevet, vers deux heures du matin. Il venait de Linières, où il assure qu’il n’avait ni mangé ni bu, circonstance que je ne saurais garantir ; il était seul, en cabriolet, suivi de son chien. Son cheval étant fatigué, il mit pied à terre à une montée et se trouva au bord de la route près d’un fossé où trois femmes lavaient, battaient et tordaient avec une grande activité, sans rien dire. Son chien se serra tout à coup contre lui sans aboyer. Il passa sans trop regarder ; mais à peine eut-il fait quelques pas, qu’il entendit marcher derrière lui et que la lune dessina à ses pieds une ombre très-allongée. Il se retourna et vit une de ces femmes qui le suivait. Les deux autres venaient à quelque distance comme pour appuyer la première.

— Cette fois, dit-il, je pensai bien aux lavandières ; mais j’eus une autre émotion que la première fois. Ces femmes étaient d’une taille si élevée et celle qui