Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/34

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dressent au milieu du sol primitif : on croirait pouvoir la franchir partout aisément en sautant de pierre en pierre ; mais, vers son milieu, elle a presque toujours un canal rapide assez profond.

Chaque moulin a son petit bateau, qui peut transporter quelques individus d’une rive à l’autre ; mais rarement les propriétaires occupent les deux rives, et le besoin de communiquer entre eux se fait peu sentir aux habitants des deux plateaux, si bien que, d’un côté à l’autre du précipice, on passe très-bien plusieurs années sans se connaître et sans nouer de relations, du moins dans la partie qui s’étend de la grande ruine de Châteaubrun au point où nous étions.

Nous rêvions fort tranquillement sur les îlots de roches du rivage, quand nous fûmes assaillis par les naturels du pays sous la forme de quatre gamins occupés, ou plutôt nullement occupés à garder quatre cochons. Chacun avait le sien par rang de taille, et le dernier bambin avait la gouverne du cochon de lait.

Les cochons étaient bien sages, les enfants l’étaient