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Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/147

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paration qu’il accorde à loutre, prennent le nom de justice, et le juge peut être indigné contre le coupable, ému de compassion pour l’innocent, sans qu’on puisse lui imputer le reproche de partialité ; car le juge doit haïr profondément le mal et respecter souverainement l’innocence ; autrement ce serait un magistrat indigne de sa fonction, et vous ne pourriez jamais vous fier à l’impartialité de son examen.

Qu’entendent-ils donc par impartialité, ceux qui veulent que l’histoire, cette autre Thémis, qui juge en grand les causes générales et qui frappe avec le glaive de l’opinion, se fasse indifférente au bien et au mal ?

Eh quoi ! voici un despote et son esclave, un meurtrier et sa victime. Le juge intègre ne s’en rapportera pas d’abord à de vagues accusations. La clameur publique, l’aspect repoussant du coupable, la plainte de la victime, les mouvements instinctifs de son propre cœur devant l’apparence d’un forfait, ce sont là des préventions terribles que le juge se fait un devoir de repousser jusqu’à ce que la lumière de la certitude se soit faite par le témoignage des hommes et par ^évidence des faits. Voilà en quoi peut et doit consister toute l’impartialité du juge et la vôtre propre, spectateur loyal et judicieux qui assistez à un tel drame et qui sentez instinctivement votre propre conscience intéressée comme solidaire dans les arrêts de la justice humaine.

Mais, quand le crime est avéré, que penseriez-vous du juge qui se voilerait la face en disant : « Je n’ac-