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Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/171

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tent, ce ne sont plus des sacs d’écus. C’est le pain des familles, les cris de l’enfant, les larmes de la mère. C’est le bien-être, c’est la liberté, c’est l’éducation du genre humain dont le principe se lève et s’agite, sous ces rigides questions d’économie, de crédit et d’opération. Colbert, Turgot, Necker, ne sont plus des abstractions pour les ignorants, quand on sait présenter ainsi les causes, les effets et le but de l’œuvre qu’ils, ont accomplie ou tenté ou manqué d’accomplir.

Quant au travail des philosophes, l’immense cohue des idées du xviiie siècle avait encore besoin d’être résumée en traits clairs et saillants, avant d’aboutir à la Révolution. L’auteur l’a fait avec une admirable limpidité, et nulle part je n’ai mieux compris la lutte de Jean-Jaques Rousseau contre son siècle et pour son siècle. La confusion de l’Encyclopédie se classe et s’explique. La mission de toutes les intelligences de cette époque, depuis les plus brillantes jusques aux plus incertaines, se révèle et se coordonne. Les mystères de la maçonnerie, l’œuvre des autres sociétés secrètes qui en étendirent et en modifièrent le puissant réseau, la part de mysticisme et celle d’incrédulité qui luttèrent là pour la même cause, parfois avec les mêmes armes, tous ces éléments du chaos qui s’agitèrent pour donner passage à la lumière, jusqu’aux grandes et trop profondes énigmes de Saint-Martin, jusqu’aux prodiges de Mesmer et de Cagliostro, jusqu’aux formules du merveilleux et aux symboles de la magie ; tout s’éclaire et retrouve sa place importante, sa part d’activité dans l’histoire