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Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/225

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Tu vas exercer ton droit, apporter la lumière de ton âme, et le vote de ta conscience. Patience, et la justice vivra.

À toi, peuple, aujourd’hui comme hier.

Paris, 7 mars 1848.



II

aujourd’hui et demain


Ô peuple ! quand je t’écrivais, il y a quelques jours : « Tu vas être aimé, parce que tu es digne de l’être, » je ne me trompais pas, et ma foi, sur ce point, est restée inébranlable. Tous les jours, dans le domaine de la réalité qui se touche au doigt, nous voyons qu’un individu méconnu et calomnié recouvre d’autant plus d’estime et d’affection, qu’il a moins mérité de perdre l’affection et l’estime d’autrui. Comment n’en serait-il pas de même dans la vie générale à l’égard d’une classe immense outragée par la peur des lâches, réhabilitée par son propre héroïsme ? Mon espérance n’est donc pas une illusion généreuse ; c’est un raisonnement positif, vulgaire même à force d’être prouvé.

Mais, où j’ai failli, où j’ai rêvé comme un enfant, j’en conviens de tout mon cœur, c’est dans la courte durée du temps que j’attribuais, dans ma pensée, à cette prompte réconciliation, à cette solennelle effusion de fraternité, à cette confiance sans bornes qui devaient rapprocher dès aujourd’hui toutes les classes,