Aller au contenu

Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/229

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

luxe, dont il ne peut pas encore se passer d’être l’instrument et la victime. Certainement, vive la République ! Resserrons nos dépenses, frappons de mort pour un instant nos capitaux, afin de frapper le travail. Et, quand le bon peuple verra qu’il ne peut pas vivre si nous ne voulons pas qu’il vive, il viendra à nous et nous vendra son vote, c’est-à-dire sa liberté, sa conscience, son avenir. Une fois maîtres du terrain, nous lui ferons des lois libérales, ce qui signifie ayant une apparence de liberté, mais d’où la véritable liberté sera escamotée. Et puis nous recommencerons à le faire travailler, nous augmenterons quelque peu son salaire, et tout sera dit. Alors, trois fois vive la République ! »

Voilà comment ces hommes-là raisonnent. Eh bien, ces hommes-là sont fous. Ils croient que le peuple est niais parce qu’il est probe ; ils le croient stupide parce qu’il est généreux.

Entre ces hommes-là et le peuple, il y en a d’autres qui ont encore peur, parce qu’il n’ont pas trouvé de courage dans une inspiration perverse. Ceux-là sont peut-être sincèrement républicains, mais ils ne comprennent pas la portée sociale de la Révolution, et ils ne connaissent pas le peuple non plus. « Prenez garde, disent-ils, le peuple est plus fin que vous ne pensez. Il comprend fort bien ses intérêts, et, si vous le trompez, il vous brisera. Il est communiste au fond ; il veut faire table rase, et il n’en cherche que le prétexte ou l’occasion. Il fera voler en éclats les portes de l’Assemblée constituante, et vous serez forcés de vous sauver par les fenêtres. Pendant que les ouvriers de