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Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/274

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et corps ; quand son esprit meurt sa postérité s’abâtardit et disparaît. Les nations périssent quand leur âme est éteinte. D’autres ennemis de l’égalité procèdent autrement. Us ne croient pas plus en Dieu que les matérialistes, ou, s’ils y croient, ils ne le comprennent pas. Ils font de l’homme quelque chose de plus que l’animal ; mais ils admettent deux espèces d’hommes, les forts et les faibles, les habiles et les simples ; et, de là, remontant à Dieu par un blasphème, ils font, de ce qu’ils appellent le génie ou le talent, un droit divin à la domination de quelques-uns, à l’exploitation de l’homme par l’homme. « Quoi, disent-ils (et il faut remarquer que ces gens-là parlent toujours en leur propre nom), je suis savant, ingénieux, capable, et je ne serais pas plus libre, plus riche, plus puissant, plus heureux que le paysan qui laboure ma terre, et l’ouvrier qui bâtit ma maison ? On veut qu’un cordonnier qui ne comprend pas la politique et la philosophie ; un paysan qui ne sait pas lire, soient mes égaux devant Dieu ?… C’est impossible ! Dieu fait des parts inégales puisqu’il m’a créé grand homme, et la société, qui m’a donné la richesse et le privilège n’a, fait que se conformer aux décrets de la Providence. »

Vous vous trompez. D’abord, vos exemples sont presque toujours faux. Ce cordonnier qui ne goûte pas vos belles phrases a probablement un meilleur jugement que vous. Ce paysan qui ne sait pas lire a peut-être un Cœur plus généreux ou des mœurs plus pures que les vôtres. Mais, en supposant qu’ils soient pervers ou grossiers, considérez que le vice et l’abru-