Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/314

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lences d’aujourd’hui, qui donc vous écoutera et vous respectera demain si la violence s’exerce en sens contraire ?

L’idée est implacable de sa nature. Mais Dieu n’a-t-il pas mis dans le cœur de l’homme une correction, un contrepoids à l’absolutisme de sa logique ? Ce correctif, c’est le sentiment et la véritable logique ; après tout, c’est l’équilibre du sentiment et de l’idée. Il faut que le jour de là justice vienne pour la démocratie ; mais, pour que ce soit la vraie justice, la justice de Dieu dans l’homme, il faudra que le sentiment de la charité et de la fraternité préside à son action. Par là seulement, le monde peut échapper au cataclysme que provoque aujourd’hui un régime de violence et de haine.

Hommes de sagesse et de modération, songez-y. Votre rôle doit commencer aujourd’hui, vous ne devez plus-être la masse inerte dont on méconnaît trop les vertus privées, parce que, depuis vingt ans, elle a trop désappris les vertus publiques. Voyez où vous mènent ces théories diaboliques de compression et de vengeance que vous tolérez sans les aimer, devant lesquelles vous semblez dire comme le patient sous le scalpel d’un chirurgien malhabile : « C’est effrayant, c’est cruel ; mais peut-être que cela nous sauvera, » Non, non ! ces horribles expériences ne vous sauveront pas. Vous seuls pouvez vous sauver. Soyez justes, soyez intègres : vous l’êtes dans le cœur, du moins ceux de vous à qui je m’adresse, en qui j’espère. Mais soyez-le hautement. Refusez l’absolution