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Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/351

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C’est qu’il est des caractères d’exception au-dessus de toute atteinte sérieuse. La calomnie, le soupçon, aucun reproche ne peut pénétrer l’or pur de leur cuirassé « Tout pour la patrie » est leur devise. On sent que nulle considération d’amitié, de prudence, de crainte de l’opinion ne pèse dans la balance quand il s’agit du devoir. Ils savent qu’ils ne peuvent inspirer de défiance fondée à ceux qu’ils servaient hier, non plus qu’à ceux qu’ils servent aujourd’hui et, quand cela serait, ils crieraient : Quand même ! et se jetteraient dans le feu en faisant abnégation de tout, même de leur honneur apparent, comptant sur la justice de l’histoire et sur le jugement de Dieu dans le cœur des hommes de bien.

C’est que de tels hommes ne représentent pas tant une idée particulière qu’un sentiment général. Ils résument l’âme d’une nation, et, si l’on voulait y bien regarder, on verrait dans celui-ci une sorte de personnification de l’Italie renaissante, avec son passé douloureux, ses drames poignants, sa patience muette, son génie d’action exubérant, et surtout cette haine du joug étranger qui fait taire en elle tout vain orgueil et toute discorde funeste quand l’heure est venue d’être ou de n’être pas.

Nohant, 4 juillet 1859.



Aujourd’hui le Milanais est délivré, le centre de l’Italie a proclamé le principe de l’unité. La Sicile est