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Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/81

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nuages, ne suffisent pas pour faire descendre du ciel la connaissance divine. Or la connaissance divine, c’est la révélation de cette doctrine de liberté, d’égalité et de fraternité que vous-mêmes ne sauriez formuler sans blesser des intérêts, sans froisser des libertés individuelles, et peut-être sans enfreindre des devoirs de fraternité humaine. Vous en avez pour exemple la miraculeuse révolution de Juillet, faite par le peuple, et dont le peuple n’a pas su profiter. Le miracle de la force n’a pas produit le miracle de la lumière. Le problème social n’a pas été résolu. La bourgeoisie, triomphante par le peuple, n’a pas su appeler le peuple à jouir de la victoire. L’enivrement du succès et du pouvoir n’a pas fait jaillir des entrailles de la bourgeoisie cette vertu éclairée, cet amour de l’égalité, ce besoin d’institutions populaires que l’ébranlement d’une grande commotion politique doit produire selon vous. La même situation se renouvelant, même sans violence, sans effusion de sang, et sans autre choc que celui de l’opinion politique (l’œuvre serait plus belle encore), le miracle ne se ferait pas davantage, si d’avance le pouvoir et la nation ne sont préparés à reconnaître ce qui est la base de la religion sociale. Faut-il vous montrer combien nous en sommes loin ? faut-il vous montrer le peuple disant au pouvoir : Du travail ou la mort ! et le pouvoir répondant qu’il n’assure du travail à personne ? la bourgeoisie accaparant avec fureur la richesse, ruinant la nation par le monopole des capitaux et des grandes industries ? la petite propriété se dévorant elle-même