Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/83

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L’aristocratie saint-simonienne s’est donnée, quelques-uns disent vendue au pouvoir. Les fouriéristes ont essayé de signer un traité de paix et de constituer une petite société à part, qui ne manque pas de talent et qui transige au nom d’une idée matérielle avec les intérêts et les passions de la richesse, promettant plus qu’elle ne peut tenir et berçant quelques adeptes de bonne foi d’une espérance d’organisation chimérique. Dans le peuple, où les idées socialistes avaient pénétré plus avant, diverses sectes se sont formées, tendantes au communisme, les unes par le babouvisme républicain, les autres par un catholicisme arrangé, plusieurs par des idées très pures mais sans profondeur, un très petit nombre par des utopies sauvages empreintes à la fois de grandeur et de grossièreté, de vertu et de crime. Bref, le socialisme ne s’est pas plus organisé que la politique. Il n’a pas plus réédifié d’église ostensible, que la politique d’opposition n’a reconstitué de parti puissant en France. La question de doctrine est pendante. Les dévouements agissent sans concert et sans but déterminé. Pourtant les socialistes cherchent toujours, nous l’espérons, et se différencient par là des politiques, qui, sauf un bien petit nombre, ne cherchent pas encore.

Faut-il conclure de cette triste situation que le présent est sans force et l’avenir sans solution ? À Dieu ne plaise ! Après ce tableau des misères présentes, nous montrerons plus tard les ressources que le sein fécond et vivace de la France conserve et nourrit comme un germe sacré, en dépit des frimats de la