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Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/96

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qu’il pût se former parmi vous une majorité imposante qui marquât un progrès bien réel, en rapport avec les cinquante et quelques années qui se sont écoulées depuis 89.

Et sur des questions plus graves encore, qu’il est inutile d’indiquer, êtes-vous assez mûrs pour donner au monde le grand spectacle du triomphe de la vérité ? Je le souhaite !

Dirai-je que je répondrais sur tous les points du vote des socialistes ? non, à moins que le peuple ne fût véritablement représenté dans ce concile, auquel cas les questions seraient au moins discutées à fond. Mais je n’entends point me porter garant des socialistes ni rien préjuger sur la solution que j’invoque. J’oserai dire seulement que, si les philosophes de mon temps hésitaient à proclamer des lois d’égalité, leur science serait à tout jamais condamnée dans le présent et dans l’avenir, et, par suite, que l’hésitation des politiques serait jusqu’à un certain point excusable. C’est que apparemment la mission des socialistes est réputée plus haute et moins sujette à erreur que celle des politiques. La vérité abstraite ne doit point faillir. La vérité relative est obligée de composer avec les obstacles ou les nécessités du moment. On attend des études métaphysiques des principes d’une beauté idéale ; on exige des travaux d’application que l’art de rendre possible la réalisation de ces mêmes principes ; d’où je conclus que, si nos socialistes ne sont pas à la hauteur de leur mission, nos politiques seront les moins coupables.