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Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/111

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droits, aime encore son curé et fait bien, puisque le curé, quand il est bon, est encore le seul ami du pauvre. Mais, tout en riant de l’hypocrisie sceptique que nous lègue l’ancienne Chambre, nous remercions Dieu, le vrai bon Dieu, de l’esprit de tolérance qui présidera aux fiançailles de la morte. L’Église protestante, encore plus morte, les deux Églises chrétiennes s’entendront pour donner la main à la synagogue ; tout culte sera protégé et salarié par l’État ; tout homme sera libre de conserver à son idéal religieux la forme dont il a contracté l’habitude, et, en consacrant ce principe essentiellement républicain de la liberté de conscience, la loi sera forcée d’étendre sa protection sur les petites Églises nouvelles, sur l’Église icarienne comme sur l’Église catholique, apostolique et romaine. Si M. Cabet veut organiser un clergé icarien, et demander à l’État un traitement pour ses prêtres, je ne vois pas trop de quel droit on le lui refusera, à moins que la loi ne consacre par un article spécial certaines exclusions, sous la pression des baïonnettes voltairiennes de la bourgeoisie.

Mais, au milieu de cette grande tolérance où triomphe la philosophie peu croyante du xviiie siècle, le peuple aura-t-il une religion ? Et, s’il doit en avoir une, qui la lui donnera ? quelle sera-t-elle ?

Cette difficile question ne peut se résoudre que par la plus simple des réponses. Le peuple est chrétien ; il restera chrétien. Il n’est plus catholique ; il ne redeviendra jamais catholique. Toute forme passera devant lui désormais comme un spectacle, et la Con-