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Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/113

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professe. À cet état de croyance sincère et profonde, l’Évangile est la religion du peuple. C’est pourquoi vous l’avez vu porter en triomphe l’image du Christ dans la nouvelle République ; c’est pourquoi il n’a point fait, comme en 1830, la guerre aux croix des églises de Paris ; c’est pourquoi l’archevêque a pu venir bénir les morts de Février, sans exciter ni surprise ni murmure ; c’est pourquoi les arbres de la liberté ont reçu l’eau bénite, qui ne leur a point porté malheur dans l’esprit du peuple.

Le peuple républicain et le prêtre catholique se sont donc réconciliés en 1848. Mais le prêtre catholique se tromperait bien s’il croyait que l’Église a fait ce miracle. C’est l’ami du peuple, c’est l’esprit de Jésus, qui a enseigné au peuple à traiter le prêtre comme son frère, c’est le Christ compris enfin, qui a cimenté cette alliance, rendue impossible en 93 par l’intolérante protestation du catholicisme. Le prêtre aura beau ruser et caresser : s’il inspire de la confiance à l’homme du peuple, ce ne sera qu’à la condition de lui parler d’égalité et de fraternité, au nom du Christ. Mais qu’il essaye de faire servir ce nom sacré à ressusciter la tyrannie des rois et des papes, et il verra combien, sans la vraie pensée du christianisme, l’Église catholique est impuissante.

L’Église catholique peut-elle être sincèrement dans la voie de l’avenir, et, dépouillant toutes les impostures d’un long passé, retrouver dans son propre sein la pensée pure du Christ !

Il semble qu’ayant l’image du crucifié sur la tête et