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Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/122

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dirons : Soyons chrétiens dans l’Église de la fraternité, qui s’appelle République ; soyons citoyens dans le monde de la liberté, qui s’appelle encore République ; soyons philosophes dans la société de l’égalité, qui s’appelle toujours République.

Si l’Église catholique nous exclut de son paradis, il ne dépend pas d’elle de nous empêcher d’être chrétiens comme nous l’entendons. L’Église catholique n’est plus qu’une secte, et on sait que les sectes ont eu jusqu’ici la prétention d’avoir le monopole des formules. Le christianisme républicain ne s’absorbe dans aucune secte ; il se constitue dans les idées, dans les sentiments et dans les actes, à l’état de religion universelle ; il ne répudie aucune nuance et ne s’en laisse imposer aucune ; il s’abandonne à toutes les interprétations généreuses, à tous les développements progressistes ; il ferme l’oreille aux vieilles controverses et les laisse s’épuiser entre elles ; il ne méprise point ceux qui conservent l’amour des formes symboliques, et il les protège contre l’intolérance de ceux qui voudraient despotiquement y substituer des formes nouvelles ; il prend enfin un nouvel essor dans l’éternelle vie des idées vraies ; il s’ouvre, comme les bras du crucifié, pour appeler et bénir tous les hommes.

Quant au culte de cette génération dont l’idéal religieux est la fraternité, soyez tranquilles, il se fera tout seul, et sans qu’aucun inventeur puisse s’en attribuer la création. Nous dirons seulement par quelle déduction logique et toute naturelle des sentiments,