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Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/145

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d’être poussés dans la cour du palais de l’Assemblée nationale, et qui s’étaient retirés bien vite en voyant arriver la troupe.

— C’est une journée malheureuse, nous dirent-ils. On ne s’était préparé à rien, on ne s’est pas entendu, on n’a fait que du bruit et des folies.

Voilà du moins ce qu’ils avaient compris.

Coquelet disait toujours : À nos fusils !

— Oui, à nos fusils ! dirent ses camarades ; mais, un petit instant, avant de nous quitter, entrons dans la rue de Bellechasse, qui est tranquille, et causons.

Vallier nous dit alors qu’on avait proclamé un nouveau gouvernement, et il dit les noms. Chacun de nous disait : Bien ! ou : Je n’en veux pas ! selon son goût et son idée. Nous ne nous trouvions pas deux du même avis.

— Que faire ? dit Coquelet ; si tout le monde est comme nous, ce gouvernement n’est pas possible.

— Non, il ne l’est pas, dit Bergerac, et je ne me bats pas pour tel et tel. D’ailleurs, on ne fait pas un gouvernement par surprise, et c’est déjà fini. On s’est dispersé ; on ne fera rien à l’hôtel de ville.

— Je n’y vais point, dit Laurent ; je ne me fie pas à l’Assemblée nationale, mais je ne me suis pas dit ce matin, en me levant, que je lui ferais la guerre aujourd’hui. Mon club était même décidé hier soir à ne pas s’en mêler, et il n’a pas paru.

— Ni le mien, leur dis-je ; et ce n’est pas là une révolution. Ce n’est pas non plus une émeute ; on ne sait pas ce que c’est.