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Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/180

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mais alors pourquoi donc toute la garde nationale sur pied et armée jusqu’aux dents ? C’est dire à une partie du peuple qu’on se méfie d’elle, qu’on en a peur, et qu’on la rend tout au moins solidaire des méfaits auxquels elle n’a pas voulu prendre part. Quand donc s’avisera-t-on d’un moyen de gouvernement qui n’exige pas toutes ces précautions terribles, et qui serait de témoigner de la confiance afin d’être en droit d’en inspirer ?

Mais je reviens à ma supposition, c’est que tout ce drame recommence avec de nouveaux acteurs, et qu’au lieu d’une combinaison socialiste très aventureuse, ces acteurs nous apportent pour dénouement une combinaison monarchique encore plus effrayante. Je suppose qu’au milieu de la tempête, les plus intelligents des agitateurs prennent dans leurs bras M. Marrast, M. Bûchez, ou tout autre républicain modéré, comme un gage à donner à l’opinion du moment ; et qu’ils l’emportent ainsi, bon gré mal gré, à l’hôtel de ville ; et que, là, ils proclament leur nouveau gouvernement en y admettant certains républicains sans lesquels le succès de leur usurpation monarchique leur paraîtrait impossible. M. Marrast (ou M. Bûchez) se refuserait-il à être membre d’un gouvernement soi-disant républicain où siégeraient à la dictature M. Odilon Barrot et autres transitions provisoires entre la République du National et la République de la régence ?

Si M. Marrast ou M. Bûchez avait la seconde vue qui lui permît de distinguer ce qui se passe à travers