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Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/241

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ne vous sont contraires que parce que vous les avez attaqués : unissez-vous à eux ; excitez-les à s’allier entre eux par des ligues commerciales, douanières, industrielles ; ensuite viendront les ligues militaires, et vous aurez alors des armées toujours prêtes et sûres. Les gouvernements étrangers commenceront à vous connaître, et l’Autriche apprendra à vous craindre. Peut-être réussirons-nous à reconquérir notre indépendance pacifiquement et par des sacrifices pécuniaires ; sinon nos princes, réconciliés avec nous, nous la donneront par les armes. Alors nous penserons à la liberté. »

Les seconds (les bons cœurs à illusions) chantaient des hymnes à Pie IX, âme d’honnête curé et de mauvais prince, en l’appelant le régénérateur de l’Italie, de l’Europe et du monde ; ils prêchaient la concorde, l’oubli du passé, la fraternité universelle entre les princes et les peuples, entre le loup et l’agneau ; ils entonnaient d’une voix émue un cantique d’amour sur une terre vendue, trahie pendant cinq siècles par les princes et les papes, et qui buvait encore le sang des martyrs fraîchement égorgés.

Les derniers (les intrigants) allaient, venaient, s’agitaient, s’entremettaient, débitaient les plus étranges nouvelles d’intentions royales, de promesses, de transactions avec l’étranger ; ils répétaient des paroles qui n’avaient jamais été dites, répandaient des médailles. Au peuple, ils racontaient des choses folles sur le compte des princes ; à nous, ils tendaient là main avec mystère, en murmurant, à demi-voix : « Laissez faire