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Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/248

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autres princes par impossibilité de le détruire ; mais, lancé en guise de programme antérieur aux premiers éléments du fait, il devenait une pomme de discorde, là précisément où la plus parfaite concorde était nécessaire. C’était, parla négation de l’unité, jeter le gant aux unitaires ; — c’était une supercherie pour les républicains, car il substituait à la volonté nationale, la volonté des partisans de la monarchie ; — c’était faire une blessure à la Lombardie, qui voulait bien se confondre avec l’Italie, et non pas sacrifier son individualité à une autre province italienne ; — c’était une menace adressée à l’aristocratie de Turin, que le contact absorbant de la démocratie milanaise épouvantait déjà ; — c’était un agrandissement suspect à la France, attendu qu’il se faisait en faveur d’une monarchie contraire depuis longues années aux tendances et aux révolutions de ce pays ; — c’était un prétexte fourni aux princes d’Italie pour se détacher de la croisade à laquelle les peuples les poussaient, — une semence de jalousie plantée au cœur du pape, — un refroidissement à l’enthousiasme de tous ceux qui étaient disposés à prêter leur concours et même à donner leur vie pour une entreprise nationale, mais non pour une spéculation d’égoïsme dynastique ; — c’était créer une série de nouveaux obstacles sans en écarter un seul ; c’était créer, en outre, une série de nécessités logiques de nature à dominer la guerre. Et, en effet, elles la dominèrent et l’étouffèrent dans le malheur et dans la honte.

Néanmoins telle était la soif de guerre contre l’Au-