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Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/398

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en peintre, et pourtant toutes ses facultés sont lucides ; car, à travers l’enthousiasme du fait et les poignantes émotions du drame dont il est un des acteurs les plus occupés, il voit la grâce des courbes du rivage, la majesté des grands reliefs des montagnes ; il savoure le silence des forêts, la rêverie des bivacs, la beauté des couleurs du matin, la placidité des nuits étoilées ; il est impossible de mieux voyager, dans le sens descriptif du mot. Il est presque naturaliste, du moins il Test suffisamment pour nous faire connaître, au moyen de larges esquisses, la nature des contrées qu’il parcourt et l’essence des choses qui le frappent. Tout cela dans une mesure parfaite, sans chercher l’effet, et avec un évident désir d’encadrer fidèlement l’épopée qu’il retrace. Sachons-lui gré de ce soin charmant qui ne corrige pas ici l’aridité de l’histoire — car rien n’est aride dans ce brillant épisode, — mais qui en fait ressortir toute la poésie.

Il serait, du reste, impossible de séparer Garibaldi et ses hardis compagnons de cette poésie ; mais, avec lui et avec eux, le danger contraire était à éviter. Rien d’emphatique heureusement dans ce récit, où, la part faite à l’inspiration secrète et au rôle inspiré, nous voyons la vraie figure du héros de l’Italie et celle de ses plus éminents associés à la clarté vraie d’un jugement sain et solide. Les événements généraux de cette phase historique, le rôle de la France, celui de Cavour, celui des diverses castes et des principales figures qui les représentent, sont appréciés avec une sagesse pleine de dignité, de mesure et de sincérité. Nul em-