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Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/419

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« Fais-toi preuve ! lui crie-t-on de toutes parts, et nous croirons en toi. »

La vérité répond :

« Aidez-moi à mûrir, à me manifester. Donnez-moi les moyens d’être un fait, et, pour cela, connaissez-moi, ne me niez pas. Je ne suis qu’une idée, une âme, pour ainsi dire, et vous voulez me toucher avant de m’avoir permis de prendre un corps ! J’existe, pourtant ; j’existe dans une sphère aussi réelle pour les yeux de l’entendement que si j’étais déjà le fait palpable. Respectez-moi, hélas ! car me nier, c’est vous nier vous-même. Je suis vôtre, puisque je vous apporte l’avenir, et dire que je ne serai jamais, c’est dire que vous ne voulez jamais être. »

Parmi les adeptes, vulgarisateurs ardents et serviteurs dévoués de la vérité à l’état de démonstration, Nadar, ni savant ni spéculateur, mais grand logicien, selon moi, et homme de solide vouloir, apporte ici sa parole à la fois émue et réfléchie. Cette parole, résumée dans le Droit au vol, a une valeur, une force véritables. Qu’on la pèse sans prévention, et tout esprit sérieux sentira qu’il y a là une de ces questions magnifiques qui ne peuvent pas être insolubles, du moment qu’elles sont bien posées.

Paris, 2 novembre 1865.